La Quête d'Elian
- Santiago Toledo Ordoñez
- 21 janv.
- 4 min de lecture
Elian avait toujours grandi dans un petit village entouré de montagnes, où les traditions religieuses étaient profondément ancrées et où les habitants vivaient leur vie guidés par des normes dogmatiques. Depuis son enfance, Elian avait entendu parler de Dieu comme d’une figure distante, un souverain et un juge sévère. Chaque prière, chaque rite semblait être une obligation plutôt qu’une expression d’amour sincère. Bien qu’il respectât les croyances de sa communauté, il ressentait en lui une déconnexion qu’il ne pouvait entièrement comprendre.
Un jour, alors qu’il se promenait dans la forêt voisine, Elian tomba sur un vieil homme assis sous un arbre, apparemment en train de méditer en silence. Intrigué, il s’approcha et, sans dire un mot, s’assit à ses côtés. Le vieil homme le regarda avec des yeux profonds et, d’une voix douce, lui dit :
— Tu cherches Dieu, mais tu ne sais pas encore comment le regarder.
Elian le regarda, confus, se demandant dans son esprit ce que cette phrase signifiait. Dieu n’était-il pas censé être cherché à travers les prières et les rituels ? N’était-ce pas ce qu’on lui avait enseigné toute sa vie ?
Le vieil homme continua, comme s’il pouvait lire dans ses pensées :
— L’amour de Dieu n’est ni un fardeau ni une obligation. Il ne s’agit pas de se soumettre à un être supérieur par peur ou par culpabilité. Le véritable amour pour le divin est une relation de respect profond, une ouverture à ce qui transcende, au-delà de tes intérêts égoïstes. Dieu n’est pas un être qui exige soumission ; il est l’espace où toi et tout ce qui t’entoure trouvez l’unité.
Elian sentit que ces paroles touchaient quelque chose en lui. L’amour qu’il avait connu jusqu’à présent était un amour conditionnel, un amour où il fallait toujours craindre la colère de Dieu et obéir à des règles strictes. Cependant, les paroles du vieil homme résonnèrent comme un écho profond, éveillant en lui une nouvelle manière de voir le monde.
Dans les jours qui suivirent, Elian commença à explorer ce nouveau concept. Il se mit à regarder autour de lui avec un regard neuf, non pas en cherchant la perfection dans les choses, mais une connexion profonde avec elles. Il ressentait l’amour dans chaque lever de soleil, dans le murmure du vent entre les arbres, dans les rires des enfants du village et dans l’étreinte de la terre qui le soutenait. Il ne voyait plus Dieu comme une figure distante, mais comme une présence habitant tout ce qui existait, invitant à la connexion, à la compréhension et à l’amour.
Un après-midi, alors qu’il marchait seul dans un champ ouvert, Elian ressentit une paix qu’il n’avait jamais connue. Soudain, les paroles du vieil homme résonnèrent à nouveau dans son cœur : *Dieu est l’espace où tu trouves l’unité.* Et ce fut à cet instant qu’il comprit qu’il n’avait pas besoin de chercher un amour imposé, mais un amour qui naissait de la liberté de son être, un amour qui lui permettait de transcender la peur et la culpabilité, et qui le connectait au divin d’une manière authentique.
Elian comprit que l’amour de Dieu n’était pas un acte de soumission, mais une danse entre l’esprit, l’âme et l’univers, un flux vers une compréhension plus profonde de la vie elle-même. À ce moment-là, il ne se sentait plus déconnecté. Il ne sentait plus qu’il devait mériter l’amour de Dieu par ses mérites, mais qu’il le portait en lui, comme un feu qui ne s’éteint jamais.
Avec cette nouvelle compréhension, Elian retourna dans son village. Sa façon de prier avait changé. Il ne cherchait plus de réponses extérieures, mais commençait à écouter le battement de la vie à chaque instant. Et, bien que sa vie extérieure restât la même, son intérieur avait complètement changé. Il avait trouvé le véritable amour, un amour qui ne dépendait de rien ni de personne, un amour qui surgissait de la connexion profonde avec le divin, libre de dogmes et empli de respect et de compréhension.
Elian avait découvert qu’à travers l’amour de Dieu, un chemin vers la transcendance s’ouvrait, une relation d’unité avec le tout, où la véritable paix et l’amour pouvaient s’épanouir, non comme une obligation, mais comme une expression authentique de l’être. Et ainsi, il vécut le reste de ses jours, portant avec lui cet amour à chaque pas, sachant que le véritable amour n’a pas besoin d’être imposé ; il se vit tout simplement.
Dans l’histoire d’Elian, se reflète le concept qu’Erich Fromm développe sur l’amour de Dieu, qui ne repose pas sur une relation dogmatique ou de soumission, mais sur une connexion profonde et respectueuse avec le divin. Dès le début, Elian vit un amour de Dieu conditionné par la peur et l’obligation, comme cela lui a été enseigné dans sa communauté. Cependant, en rencontrant le vieil homme et en écoutant ses paroles, il commence à remettre en question cette vision.
Le vieil homme lui enseigne que l’amour de Dieu n’est pas un acte de soumission dicté par la peur ou la culpabilité, mais une relation ouverte et sincère, fondée sur le respect et la quête d’un objectif supérieur. Ce changement de perspective conduit Elian à expérimenter un amour pour le divin qui émerge de la liberté de son être, un amour qui ne dépend ni de règles imposées ni d’attentes égoïstes.
À mesure qu’Elian approfondit cette compréhension, il commence à percevoir Dieu non pas comme une figure lointaine et punitive, mais comme une présence universelle qui habite en toutes choses, invitant à l’unité et à la transcendance. Ce type d’amour de Dieu, selon Fromm, est libérateur, car il est exempt de dogmes et ne se centre pas sur la soumission, mais sur une quête authentique de compréhension et de connexion. En découvrant cet amour authentique, Elian se sent plus uni à la vie et à l’univers, reflétant ainsi l’idée de Fromm selon laquelle l’amour de Dieu est une forme de transcendance et une compréhension profonde de l’existence.
L’histoire d’Elian illustre comment l’amour de Dieu peut être une relation libre de peurs, de dogmes et de culpabilité, une relation fondée sur le respect, l’unité et la compréhension, en parfaite harmonie avec la vision d’Erich Fromm dans L’Art d’aimer..

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